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Ce blog est un pêle-mêle , d'anecdotes de voyages , de coups de gueule , de coups de coeur ...

Enfin de tout ce qui a pu me toucher et pourrait vous ouvrir une fenêtre sur mon univers .

vendredi 24 juillet 2009

On the road again, again...


Nostalgie de la route?
Deux jours en camion avec le paternel dans le sud de la France, l'envie de parcourir des kms m'avait repris, et l'occasion de partager un peu du temps del padre que je ne vois plus que par éclipses était tentante pour s'échapper de la neurasthénie roannaise.
Pour le simple plaisir de transporter son corps, sans réel intérêt pour la destination. Ce que j'aime réside dans le loisir que celà me laisse de penser, rêver, relâcher la bride de la pensée qui  chemine seule, vagabonde, fait des pirouettes inattendues, et me surprend parfois dans un instant de lucidité "Comment j'en suis venue à penser à des trucs pareils?".
Les trajets en ville sont toujours frustrants, ils me donnent à peine le temps de mettre en marche la ballade introspective. Alors il m'arrive souvent de souhaiter silencieusement une déviation surprise, un égarement momentané, juste pour prolonger un peu ce plaisir (si mon père savait ça il m'aurait maudite aujourd'hui d'avoir souhaiter l'heure et demi supplémentaire qu'il s'est tapé avec son 11 tonnes à tourner sur une petite route de campagne losrqu'on était qux alentours de Tarare... j'ai pas moufté un mot..). Et oui, pour certains c'est une perte de temps, pour moi un rab de rêverie.
Une autre alternative que les prières muettes au dieu des itinéraires secondaires consiste à se faire conduire par mon frère. Il se paume régulièrement, sans non plus trop s'éloigner réellement, mais il n'est pas rare avec lui de se rendre à Lyon en passant par St Etienne (quand on vient de Roanne, les initiés le comprendront, c'est pas ce qu'on a vu de plus direct..), et de passer par Villefranche au retour.
Et pourtant cette étourderie n'est pas faute d'une discussion animée qui détournerait l'attention (d'ailleurs même tout seul il se plante), non, et c'est la deuxième raison pour laquelle j'apprécie sa compagnie, ce silence qui règne entre nous dans la voiture. Mon frère se tait, non par manque de conversation (de toute façon je pourrai facilement la faire pour deux), mais parceque lui aussi aime bien ce parcours intérieur.
Nous savons tous les deux que ce silence est léger, qu'il ne s'agit pas d'un vide qu'il serait bienséant de combler ( la peur de certaines personnes que ce calme soit le signe d'un malaise). Il existe autant de silences que d'intonations de voix, il suffit de savoir les sentir pour les reconnaître, les apprécier, ou les craindre. Complicité fraternelle? Peut-être.
Pour en revenir à ce "voyage" père-fille, le camion a lui aussi ses charmes particuliers, la hauteur et la puissance lourde; A deux mètres du sol l'esprit n'est pas embourbé dans les calamités du trafic automobile, je ne ressens pas le moindre intérêt de rester attentive aux imprudences des autres, de toute façon, s'il y en a un qui fait le con, c'est pas nous qu'on aura mal (comme on dirait par chez moi). Soit dit en passant, c'est quand même fou le nombre de gens qui ont l'air de ne pas tenir à la vie pour débouler sous le nez d'un 11 tonnes sans complexe dans leur bagnole minuscule...
Les autres, il faut dire qu'ils sont pas non plus très nombreux à 4h du matin... A 7h pas mieux d'ailleurs, quel bonheur les périodes de vacances en France, on traverse des villages sans vie, on pourrait presque croire le pays inhabité (la France sans les français? hum, furtive image d'une paix utopique..^-^).
Le soir vient satisfaire ma passion pour l'observation des rites tribalistiques, et j'avoue que le monde des routiers en fournit son lot, et pas avec le dos de la cuillère. Héhé, un vrai plaisir que de savourer ces dialogues hautement profonds, dans une langue si délicate. Le jargon routier.... ça leur ferait surement dresser les poils sur les bras (et oui les cheveux sur la tête sont plutot rares dans ce milieu, c'est pas dans l'esthétique du groupe les cheveux, c'est pas "in"), mais leur manière de parler me rappelle dans son genre celle des banlieues dans l'intonation.. "tu vois quoi!". J'adore! Et puis ils nous sortent de ces perles au niveau syntaxique, c'est délicieux pour mon vilain penchant de linguiste de constater la créativité des français quand il s'agit de pratiquer leur langue maternelle. Je dis ça sans méchanceté ni mépris aucun, bien sûr, mais pas sans un sourire en coin quand j'y repense (niark niark, bah oui, je suis pas snob mais je reste moqueuse, vous me changerez pas comme ça).
La route donc. Mais j'aime bien quand on parle aussi, j'adore même; C'est juste qu'il y a des temps pour tout, et la bavarde que je suis aime altérer ces moments là.
Ce sujet vient un peu comme une introduction à mon probable prochain post (j'y pense, je le sens qui pointe son nez, les mots ne vont pas tarder à se poser dessus), à propos de ce mois Mexique-USA, la route en faisait partie intégrante, et avec elle la notion et l'approche du temps, ce sentiment si relatif qui paramètre l'état d'esprit dans lequel on vit un voyage il me semble.
Peut-être même que c'est ce concept qui guidera le récit "Brésil-France, le retour", par la transition qui n'a été possible que par ce passage en Amérique du Nord, le temps d'acceptation et de recul qu'il m'a permis de saisir pour adoucir l'amertume qui me brûlait les tripes en juin au sortir de l'avion. Suivre le fil.
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Picture: Madame_Nuage_Et_Monsier_Camion_by_kavsikuzah

vendredi 5 juin 2009

L'orgueil du fou

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Je ne sais déjà plus si ça s'est passé il y a deux ou trois semaines, le temps est une notion qui m'échappe totalement et dont je ne cherche plus à prendre conscience.

Je me souviens simplement que j'étais à Brotas dans l'appartement de Renata, que la veille nous avions passé une super soirée, resto en paire, Zoé et Pierrot, Pow et moi de l'autre côté de la table, mode bisounours, mamours et bisous, niaiseries et compagnie...
On a squatté le wiskrytorio jusqu'à point d'heure malgré les avertissements du patron: on ferme à minuit, hein, vous le savez.

De retour à la maison, un peu pétés (l'apéro durait depuis 4h de l'aprèm avec Pierrot..), toujours aussi trisos, on s'est fini à la verveine-maison des parents de Zoé, véritable luxe gustatif quand on est habitué au breuvage immonde qu'ici ils appellent vin.

Après avoir bien exploré le fond de notre connerie, jusqu'à la mettre sur vidéo, glissement entre les draps, petit coup d'oeil sur le réveil, 4h du matin! Pow doit partir bosser dans une heure...
super... la "nuit" ne va pas se terminer comme on l'aurait imaginer.
Et vu que nous ne sommes pas des personnes raisonnables évidemment il est sorti en retard, sans avoir même fermé un oeil.

J'ai eu l'espoir un bref instant que je pourrais dormir un peu, mais à peine une demi-heure après qu'il ait quitté l'appart, Renata était déjà debout à faire le ménage, les oiseaux s'y mettaient tous en coeur, le soleil qui était aux abonnés absents depuis des jours et des jours était également de la partie, et moi, la bouche pateuse, le cerveau vrillé, j'avais la désagréable sensation de vivre un mauvais remix de Blanche-Neige....

Histoire d'achever mes illusions sur la possibilité d'un utopique sommeil réparateur, Zoé débarque à son tour dans le salon sur le pied de guerre: Chloé tu viens avec nous à la parade?
Ouai, vous y allez quand? Bah, maintenant en fait...
D'accord, il est 8h30, j'ai une nuit blanche bien arrosée dans les pattes et je dois trouver la motivation et l'énergie suffisante pour aller piétiner dans la rue avec les autres. Soit.

J'avale deux énormes tasses d'un coktail vitamine préparé par Renata, lait, avoine, banane moulinés, et c'est parti. J'oublie donc au passage l'étape douche et enfiler un maillot de bain.
Sur le chemin pour rejoindre l'arrèt de bus le soleil cogne sévère et je sens que quelque chose cloche, jambes qui tremblent sur le point de me lâcher, sueurs froides, je suis vraiment pas bien. C'est bon, j'ai compris, Chloé tu es la seule abrutie qui s'enfile un demi litre d'une boisson dont tu ne digères pas le principal ingrédient: le lait.

J'ai vraiment cru que j'allais prendre un malaise une fois dans le bus, debout dans la chaleur suffoquante, une envie de vomir au bout des lèvres et mes forces qui me quittaient petit à petit, je prenais sur moi avec toute la concentration dont j'étais capable pour ne pas m'effondrer ni poser un pâté de bienvenue aux pieds des passagers. Les trois autres ont bien compris que j'étais pas bien du tout, apparemment j'étais d'une paleur maladive assez équivoque. Heureusement pour moi, une place s'est libéré assez rapidement et j'ai pu récupérer un peu.
Etait-ce ce jour-là qu'un colporteur de yoyos nous a fait un show incroyable, au point que presque tous les passagers lui ont acheté une bricole? Sais plus.

Une fois à Barra la parade était sur le point de partir, et l'on s'est joint à elle.
Il s'agissait de la deuxième manifestation de "l'orgulho louco", un mouvement de lutte contre l'internement en hôpital psychiatrique des malades qui n'ont pas besoin de cette prise en charge qui les exclut injustement de la société. Enfin c'est ce que j'ai compris, parceque la dame dans le micro et bien c'était pas très distinct ce qu'elle racontait...

Etaient donc réunis pour protester les "fous" en tout genre, toute personne ayant un ptit soucis mental, des handicapés en passant par des malades de toute sorte, jusqu'aux drogués et alcooliques. Mais aussi les structures d'encadrement de ces personnes, dont le Caps, centre d'accueil pour drogués dans lequel Zoé fait son stage et Renata officie comme infirmière spécialisée.




"Que diriez-vous d'être fou pour un jour?"
Un groupe bien déjanté jouait perché sur le Trio Electrico, la procession s'est mis en marche.
Le temps était aussi dans le climat du jour, fou, alternant des pluies battantes avec un soleil de plomb, laissant à peine le vent nous sécher que de nouveau les gouttes déferlaient.
Pendant le cheminement le long de la plage j'ai voyagé dans l'observation des brusques et radicaux changements d'aspect de l'océan, virant du gris sans fin qui confond mer et ciel au bleu soudain limpide des eaux qui retrouvent toute leur beauté tropicale sous le soleil sauvage.

Arrivés au phare, Marisa Monte a donné un show superbe de samba, puis les groupes se sont disloqués, chacun est rentré chez soi, d'autres (dont nous) se sont rendus au petit marché artisanal tenu par les associations, qui vendaient les produits fabriqués par les patients.
On a mangé avec eux sur la petite place, plusieurs patients du Caps ont reconnu Zoé et sont venus se joindre à nous, ou bien est-ce nous qui étions mélés à eux, tout dépend du point de vue.
Toujours est-il que le groupe formé alors était bien particulier, entre les drogués, les alcoolos jeunes et moins jeunes, et les hippies défoncés qui chantaient autour de Zoé qui avait pris la guitare, les discussions loufoques autour de verres de vodka pure (on n'y a pas touché je précise).
On est restés un bon moment avec eux avant de prendre le chemin du retour.

Une journée bien folle que finalement je ne parviens pas à décrire.
Je me disais que ça ferait dresser les cheveux sur la tête de pas mal de gens que je fréquente de me voir en cette curieuse compagnie.....
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PS: Ça vaut le coup de jeter un coup d'oeil en grand sur la photo...il y a des détails amusants..

lundi 18 mai 2009

Un p'tit coup de couteau, trois p'tites balles dans le dos...

Un p'tit coup de couteau
Trois p'tites balles dans le dos
"Salvador" joue avec les mots
Du wisky ou d'la vodka
Peut importe ça ira
Je veux partir encore.
Têtes Raides


Il y a quelques jours j'écrivais injustement et par feinéantise que je ne parlerai pas de certaines personnes de mon entourage, que j'avais alors nommées "personnages secondaires".
Et voilà que le destin décide de renverser la partie et que les "figurants" deviennent les acteurs principaux du chapìtre suivant.

Ces deux derniers jours ils ont occupé la totalité de mon esprit et bouleversé mon quotidien.
La routine est traître. Elle nous berce dans une illusion d'un état permanent des choses, et lorsque soudainement le rythme se brise, elle nous laisse déroutés, hagards.

Prenez pour métaphore un piètre danseur (moi par exemple héhé), guidé tout le long d'une soirée par ses amis il finit par assimiler les pas de valse, laissez-le s'accomoder, et alors qu'il commence à se délecter de ce nouveau savoir-faire et d'un sentiment d'auto-satisfaction dans l'accomplissement imaginez que brusquement le DJ balance un rock endiablé, notre danseur se retrouve confus, empêtré dans une mécanique brisée.
C'est plus ou moins ainsi que je me suis sentie avant-hier en arrivant chez os meninos, car c'est là que le DJ de la vie a changé la donne de mon petit théâtre personnel.

Vendredi soir je partageais avec Elvis mon envie d'aller boire un verre, histoire de sortir de Mirantes où la soirée s'annonçait vide d'animation. Seulement on avait pas un sou en poche, et mes soirées à répétition ne vont pas tarder à me laisser sur la paille maintenant que je ne donne plus de cours. L'argent sort mais ne rentre plus.

On en était ainsi à se lamenter à l'idée de devoir rester une fois de plus dans la rue, à se taler les os du cul en restant assis sur le trottoir à discuter.
Débarquent Jesse et Charly, qui nous proposent une virée. Schling! Maraine la bonne fée a pensé à nous. Sortir avec ces deux gars là signifie pour nous zéro dépense (ya pas que des pauvres dans notre entourage) et divertissement garanti.

Direction la Cabana do camarão, bar à concert chicos de Periperi (le seul d'ailleurs).
Après s'être rempli la panse de bière (et l'avoir vidée autant de fois que nécessaire) la motivation était toujours présente, alors on est reparti pour le Rio Vermelho, quartier branché de Salvador, où on a complété notre remplissage et épongé légèrement d'un peu de viande les litres de gazeux ingurgités.

Trois heures du mat, et des litres de cerveja dégueulasse plus tard on s'est rentré un peu fracasses jusqu'à l'appartement tout aussi chicos des gars (triplex avec piscine sur la terrasse)...
Le lendemain ils ont continué à s'occuper de nous à la royale, même si pour eux ça tient lieu de quotidien pour Elvis et moi c'était notre petit break de luxe, feijoada du tonnerre au resto et autres petites déliciosités tout le long de la journée.
De retour à la maison en fin d'après-midi on était plus que satisfait.

Alors le soir même quand je me suis rendue à Mirantes rejoindre os meninos chez eux, j'avais sur la face le sourire de celle qui a passé un bon moment et ne pense qu'à le faire perdurer.

Quand je suis entrée dans la maison j'ai sentie immédiatement que la vibe n'était pas au réjouissement et la bonne humeur contagieuse que je suis acoutumée à trouver là n'était pas rendez-vous, il suffisait de jeter un oeil sur Diego et l'air maussade inhabituel qu'il affichait.

Il a suffit d'une phrase. Comme ça, dans le silence de la chambre enfumée.
" Ontem mataram A**"

La phrase s'est figée en moi et je me suis figée avec elle. Hier ils ont tué A**.
Assaillie par les souvenirs, peu nombreux mais suffisants pour me plonger dans une pensée fugitive, je n'ai même pas demandé à qui faisait référence ce "ils", c'était déjà presque une évidence.

Le dernier souvenir est remonté plus fort que les autres, le concert de reggae.
Il était là avec nous ce soir là. Il avait vendu sa télévision le jour même pour pouvoir se payer l'entrée. Il a dansé toute la nuit, seul, submergé par la musique, sans perdre une vibration du moment.
Je le connaissais comme l'ami de P**, qui était présent lui aussi ce soir-là. Les deux personnages secondaires de mon post précédent.

Il était de ces personnes que je connais pour les voir presque tous les jour à Mirantes, pas un pote mais une présence habituelle dans mon entourage, un des électrons qui forment la "galera', la bande pas si petite qui passe ses soirées dans la rua 2 et que l'on rejoint souvent lorsque l'animation de la rua 1 laisse à désirer.
Je me demandais si arriverait un jour où j'assisterai à un drame comme celui-là près de moi, j'ai désormais la réponse. Bah voilà , je le verrai plus, un élément disparait.

J'ai bien vu que cette histoire préoccupait Diego, pas besoin d'un étalage de sentiments pour sentir que ce qui est arrivé est moche et lourd de sous-entendus pas jolis-jolis mais aussi de conséquences à envisager qui s'annonçaient pas terribles, même tenant encore lieu de présuppositions.

Perdre quelqu'un de cette façon n'est pas une surprise pour les gens d'ici, ce qui ne veux pas dire qu'ils ne ressentent rien et que la perte n'a pas d'effet, mais on est loin des épanchements mélo-dramatique auxquels on assisterait en France dans une telle situation, du moins dans mon milieu. Ils encaissent le sort.

Les garçons ont décidé de sortir, d'aller se changer les idées à Barra, passer un moment sur la plage, et emmener Pow avec nous.
On en n'a plus parlé. Les commérages viendraient bien assez tôt, et avec eux la nécessité d'évoquer ce qui s'est réellement passé pour écarter les ragots.

La nuit était chaude, sans nuage, et nous étions tous les quatre un peu à l'ouest, voyageant dans les chansons que Pow sortait de sa guitare, les paroles simples et justes, l'émotion de sa voix.
On est rentrés au petit matin, la pluie nous a saisis à la sortie de la voiture et fait office de cloture.

Je suis restée avec Pow chez lui, il était confus, et moi un peu sonnée, on a continué à discuter pendant des heures, dormant par intermitence, instants étranges, ponctués d'une lucidité triste sans être morbide, et la présence de l'autre réconfortante dans le silence.

Le fait d'être seule au Brésil me permet d'atterrir un peu partout certains soirs.
Même si j'ai un toit fixe qui m'attend au besoin j'aime laisser cette part de "nomadité", et c'est ainsi que parfois j'entre dans la vie des autres à des moments cahotiques.
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vendredi 15 mai 2009

Les soirées de Zoé et Chloé


Nos prénoms à eux seuls sont déjà une source de perturbation pour pas mal de gens.
Il est bien rare qu'on nous demande pas de répéter.
Il y a même eu un gars pour nous dire: "mais vous avez le même nom?"...
Alors quand ils arrivent à s'en souvenir on peut pas non plus leur demander de placer le prénom sur la bonne tête.
D'autres s'emmerdent pas à choisir et c'est comme ça qu'on s'est appellé toutes les deux Zoé lors du show de reggae.
Pour ma part, ça fait longtemps que j'ai abandonné l'espoir de m'entendre appeller correctement par mon prénom, de ce côté là rien de nouveau sous le soleil.

Alors voilà, Zoy et Chloy (c'est la version brésilienne) sont bien contentes de s'être trouvées à Salvador et elles s'amusent pas trop mal je trouve depuis quelques temps.
Chacune dans un coin de la ville bien opposé, dans des milieux tous aussi différents, mais avec les mêmes ras-le-bol et les mêmes besoins de liberté.
Amis brésiliens vous êtes charmants, mais tellement envahissants....

Alors du coup dès que l'occasion se présente on s'échappe, pour des soirées en musique de préférence.

Vendredi dernier, concert de forró dans un cirque, aménagé pour recevoir ce type de soirées.
Normalement c'est blindé, y'a une file d'enfer et c'est le top ambiance, nous on a trouvé le moyen de s'y rendre le jour où c'est presque vide (à cause des trombes d'eau qui sont tombées toute la journée tu crois?)
L'ambiance c'était plutôt genre bal-musette, retour à l'époque de nos grands-parents, quand mamy attendait sagement qu'un jeune cavalier l'invite à danser au son de l'accordéon....
Sérieux on en était pas loin, bien que je n'ai rien contre l'accordéon, ni contre les types qui chantent avec un chapeau du sertão sur la tête, mais je m'attendais pas à ça....
En plus, Zoé m'a lâchement abandonnée au milieu du quadrille, la veinarde a esquivé de se trouver un partenaire, ce qui n'a pas été mon cas, et j'ai du participer à la ronde et autres conneries du style jusqu'à l'épuisement. Daccord c'était marrant mais bon...

On était trop motivées pour changer d'endroit, bien repris la pêche d'avoir tant dansé, on avait passé la phase échauffement en quelque sorte... retour à la voiture et lá la douche froide.
La meuf avait oublié de fermer la caisse, alors le mec qui se fait payer pour surveiller le parking (sic) en avait profité pour se tirer avec le portable chicos et tout neuf de Renata et surtout l'appareil photo (tout neuf aussi) de Zoé... Tout de suite la soirée prenait un tournant moins sympa. Pour achever la motivation est-il utile de préciser qu'il pleuvait toujours à seau et qu'on a froid quand on est mouillé?...
On s'est quand même rendues au Rio Vermelho (toujours la pluie, toujours le froid), erré jusqu'à entrer au Boomerang (bar in également, mais tout aussi vide ce jour là) où on a terminé notre soirée sur un son reggae un peu pérave.... heureusement il y a eu les ptits remontants pour garder le moral.

Deuxième virée le samedi, le lendemain en fait, hommage à Bob, de 21h à 6h du mat, méga show de reggae (habituellement je suis pas une fan et je me lasse vite mais placé dans le contexte bahiannais ça rend pas pareil).
Depuis que je suis ici, je n'avais jamais vu une telle concentration black, j'en avais presque oublié que Salvador est la capitale afro du Brésil, c'était l'occasion de le réaliser.

J'ai passé le concert reggae le plus top de ma vie ce soir là, ambiance parfaite, planage complet, pas un seul incident pour troubler la vibe....
Et puis notre petit groupe était franchement rigolo, plus hétéroclite y'avait pas et facile à repérer par la même occase. Faut se représenter deux gringas et une bourgeoise brésilienne, trois homos et un grand rasta avec des dreads jusqu'aux genoux.... héhé.
Plus ceux qui se sont greffés autour, désolé pour eux mais je n'ai pas le courage de m'atarder sur les personnages secondaires (oh que c'est vilain ce que je viens d'écrire..mais tant pis).

A 5h du mat j'ai déclaré forfait et je pense que je n'étais pas la seule à souffrir, les jambes courbaturées au point de ne plus fléchir, les pieds défoncés et la fatigue accumulée de la veille... on a décidé de se la rentrer sans assister au dernier groupe (qui était le meilleur à ce qu'il parait).

Je tiens à raconter l'épisode du taxi, parceque Zoé m'a vraiment fait planer sur ce coup.
Négocier le prix d'une course c'est indispensable mais pas toujours évident quand on a pas le teint bronzé, et c'est souvent un peu plus cher pour nous.

Renata avait décidé qu'on ne paierait pas plus de 20 reais et disait qu'il serait impossible de le faire descendre en-dessous de ce tarif là. Alors sur le chemin du retour, tout en marchant, notre futur chauffeur en était à marchander avec notre amie, parvenue à 20 Renata nous demande si ça nous convient et là Zoé annonce tranquille, "non 15", le mec se rebiffe et répond que non là c'est pas possible, Zoé insiste, "15 et je te chante une chanson"....héhéhé.
Et à notre plus grande surprise le gars accepte direct, "15 mais c'est juste pour la chanson". Sur ce coup là, franchement je dis respect....

Je ne parlerai pas de la soirée du lendemain qui a fini d'achever mes dernières forces, je passe illico à notre sortie d'avant-hier, une semaine plus tard mais la fatigue toujours bien présente, sauf qu'il pleut plus, et ça fait une sacrée différence.

La semaine dernière on nous avait filer un fly pour une soirée dancehall et du coup c'était l'occasion de changer un peu d'air. On a réussit à ne pas se faire accompagner (enfin), liberté, liberté chérie.
Sauf que si on avait suivi les indications vaseuses qu'on nous avait fourni pour se rendre jusqu'au lieu du concert on aurait tourné en rond un bon moment sans peut-être jamais arriver à destination.
Et deux filles étrangères à pied dans le pelourinho la nuit et bien c'est tout simplement plus que pas recommandé, c'est craignos.
Evidemment on n'a pas trouvé, et le chauffeur de taxi vers qui on s'est adressé était incapable de nous renseigner.
C'est un sdf qui est venu nous expliquer le chemin, on était pas très chaudes au début pour le suivre, mais on a fini par lui faire confiance et à s'engager avec lui dans des rues pas forcément super sûres et quasi désertes.
On a eu un doute en arrivant sur place et galéré comme des connes pour trouver l'endroit oú acheter les tiquets (un triangle minuscule creusé dans le mur où on aurait pas passé une tête)... ^_^
Pour une fois la caipirinha n'avait pas un gout de flotte, et sans dire qu'on était bourrées, on avait au moins la sensation d'avoir ingurgiter de l'alcool, parceque c'est diffcile de boire un coktail correct ici, faut avoir du pognon à claquer pour arriver à se mettre ivre.
Ah mon Saint James que saudades....

En fait de dancehall c'était un sound system ragga, c'était plutôt cool, et surtout l'endroit était bien sympa. C'était notre deuxième sortie en black ambiance, et l'avantage des rastamen c'est qu'ils jouent pas trop les chacals, ça repose.

La chance était encore avec nous pour rentrer, un des chanteurs attendait devant la sortie et nous a proposé de nous déposer à Brotas après nous avoir entendu refuser de payer 30 reais de taxi. Et ça c'est bonnard.


Bon, quand je regarde un peu l'évolution de mes sorties je me rends compte de plusieurs choses.
Zoé est daccord avec moi pour dire que les conseils des brésiliens sur ce qu'il faut ou ne faut pas faire, les lieux surs ou non, et bien c'est pas forcément très judicieux et maintenant je me fies plus à ce qu'on me dit, seulement à mon instinct, et ça marche très bien comme ça.

Le regard des gens a changé, ou alors c'est juste moi qui donne une impression différente, c'est courant qu'on me prenne pour une pauliste ou une carioca, ça me fait marrer, et c'est agréable aussi de se débarrasser de temps en temps de cette image de gringa lourde de préjugés.
Quand on me demande dans quelle pousada ou quel hôtel je suis et que je réponds que j'habite à Periperi c'est encore plus drôle, ça instaure direct un rapport complètement différent, une sorte de respect.
On en plaisantait hier avec Zoé, en se disant que ça ferait le même effet pour nous de rencontrer genre une touriste japonaise qui logerait aux Minguettes.... ^_^

Mais tout ça pour dire que le contact passe bien avec les bahiannais, que j'ai fais plein de rencontres extras, même le temps d'une soirée et que partout où on va c'est comme ça, les gens viennent facilement vers nous et pas que pour la drague.
Et je me dis que j'aimerai bien rester plus, alors que je commence à connaitre un bon petit paquet de monde, c'est maintenant que ça devient vraiment intéressant.

Et malheureusement je n'ai plus que trois semaines pour en profiter...


  • Et en musique et images ça donne ça le tube forró:

mercredi 6 mai 2009

Carnaval 2009 à Salvador

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J'en ai pas vraiment parlé jusqu'à maintenant, il y avait tellement de choses à dire, que j'avais la flemme de raconter.
C'était quand même le moment fort de ce séjour à Salvador, difficile de ne pas être happée par cette expérience.
Pour avoir partager nos impressions avec un pote américain, on est tombé daccord assez rapidement, c'était de la folie et une énergie pure.
Alors avant d'entamer le récit, plus que long, de cette semaine à part, quelques vidéos, qui ne sont pas forcément tirées directement du carnaval( c'est meilleur avec un son potable), ce sont les quatres qui m'ont le plus marquée.


Claudia Leitte




Ivete Sangalo



Timbalada (je trouvais le chanteur ultra canon..jusqu'à ce qu'il enlève ses lunettes de soleil..^_^)




C'est parti, voilà mon carnaval à Salvador:

Carnaval, l'évènement sans contexte le plus important de l'année au Brésil, pour ceux qui y participent autant que pour ceux qui tentent d'y échapper. Quasiment une semaine de folie qui bouleverse la vie de la ville.
Ici Salvador ferme magasins, banques, routes et les différents circuits se partagent la ville.

Bon alors pour expliquer un peu mon approche il faut d'abord raconter comment j'ai vu cette fête arriver.
La plupart des personnes que je connais ici n'y vont pas, généralement en raison du danger qu'une telle foule occasionne. Il m'a donc été difficile de m'organiser, 3 jours avant l'ouverture je ne savais toujours pas si j'allais pouvoir y participer, n'ayant trouver personne pour m'y accompagner, et il était inenvisageable de m'y rendre seule.
Voilà comment on m'a presenté les choses:

Premièrement tu vas voir c'est une manifestation super dangereuse, ça craint vraiment, tu peux te faire voler, battre...etc, bref une liste assez conséquente de toutes les joliesses qui pouvaient m'arriver.

Deuxième consigne, si jamais tu veux y aller quand même, dans ce cas paie-toi un camarote, les blocos c'est trop dangereux. Le camarote est un espace aménagé le long du circuit , une sorte de gradin en hauteur, et totalement hors de prix. Le défilé se compose de différents groupes qui jouent perchés sur des camions aménagés en scène, tout autour de chaque bande un espace au sol est réservé à ceux qui ont payé une chemise pour y assister, espace fermé par une corde tenue par un service de sécu qui empêche les autres personne de rentrer. le bloco est cet espace oú marchent les gens qui suivent le groupe qui joue, appellé Trio electrico.

Troisième avertisssement, si tu vas dans le bloco, tiens-toi éloignée des côtés, reste bien au centre et ne t'approche pas du char c'est super dangereux, ça se bat tout le temps.

Dernière prévention , si tu ne peux pas te payer ni camarote ni bloco (les prix peuvent grimper jusqu'à 1000 reais et plus...) alors fais très attention dans le pipoca, c'est super dangereux, surtout ne t'approche pas trop du défilé. Le pipoca c'est tous les lieux possibles et imaginables où s'amassent ceux qui n'ont pas de chemise de bloco et qui veulent assister quand même au défilé, les lieux des pauvres en gros. Qui a dit que le carnaval abolissait les disparités sociales??

Bon alors voilà , après toutes ces charmantes recommendations qui avaient pour unique mot d'ordre "C'EST DANGEREUX" on se demande ce qu'on va bien pouvoir faire si on veut pas rester à la maison. (Cf. le post “dangereux c’est quoi?)
Je peux maintenant faire le récit de mes quelques jours de carnaval pendant lesquels j'ai réussi à enfreindre tous les avertissements cités plus haut.

Vendredi en fin d'aprèm, une fois la chaleur torride du jour un peu adoucie, je suis partie en ville avec Sheila (la fille de la dame qui m'héberge) qui est réputée pour être une feitarde invétérée, ce que je ne démentirai pas (elle fait aussi partie des personnes que l'on m'avait fortement déconseillées, mais si je dois dresser la liste de tout ce qui était peu recommandable...).
Bon , j'ai découvert avec horreur que le trajet qui relie la banlieue à la ville avait été totalement modifié en raison de l'évènement, alors que j'avais mis tant de semaines avant de l'assimiler à cause des détours interminables qu'effectuent les bus, j'avais donc pas intérêt à me perdre. On a gagné le centre dans un topic archi bondé (sorte de mini bus), et arrivées sur place la foule qui avait envahi la ville était indescriptible. Une masse colorée qui tente de se mouvoir dans tout ce bordel de stands et de vendeurs de rues, mais aussi des monceaux d'ordures qui jonchent le sol et les "trottoirs".

Une expédition rien que pour parcourir les quelques 800 mètres de dédales de rues pour rejoindre les amis de Sheila, qui avaient trouvé une gache parfaite pour voir passer les blocs.
j'ai donc passé ma soirée dans le pipoca (attention Chloé super dangereux!), calée dans une petite rue perpendiculaire à l'avenue, donc complètement au bord du passage des groupes.
L'ambiance était évidemment ultra festive, et les seuls désagréments étaient dans l'insistance plus culotée encore que d'habitude des gars qui tentent d'embrasser qui leur vient à l'idée, quitte à le faire de force. Pendant la période du carnaval à Salvador, il y a une sorte de challenge, de celui qui embrassera le plus de filles possible, on voit donc des roulages de pelles de tous les côtés , et pour ceux qui sont pas fan de ce genre de pratiques (j'en fais partie) c'est carrément la lutte pour y échapper.

L'esquive est un art qui s'apprend très vite, bien que feinter tout en se déplaçant au corps à corps ne soit pas une chose évidente, mais s'il fallait coller un front à chaque connard trop entreprenant on avancerait pas d'un mètre. J'ai heureusement pour m'aider à cette mission deux anges gardiens, bien rodées à ce genre d'exercice, et qui manient l'insulte et la bourrade bien plus aisément que moi pour l'instant. Ainsi nommées: Sheila et Laïs, qui ne sont pas le genre de femelles à se laisser emmerder, et les plus lourdaux le comprennent assez rapidement.
J'étais donc entre de bonnes mains et la soirée fut super, à danser, sauter et picoler au rythme des différents blocs qui passaient devant nous.

Le lendemain, une heure seulement après être rentrée,Isadora (la cousine de Sheila) m'appellait pour accompagner le groupe des cousines au pipoca, j'allais servir de garde-chiourme pour permettre leur sortie, condition posée par sa mère, qui voyait d'un oeil plutot inquiet de lacher ses filles toutes jeunettes dans cette orgie (la petite bande étant composée de Claudio et Ane 14 ans, Marjorie 15, Larissa 17 et Isadora 18 ans). Mon ancienneté relative était sensée rassurer la tante....tu parles!
C'était la première fois pour tous qu'ils avaient permission de sortir sans leurs parents, autant dire qu'ils s'en sont donné à coeur joie et profité jusqu'au bout de l'occasion.
En tout cas ils sont adorables et débordent de cette énergie inépuisable de l'adolescence.

Pour ce qui est de la sortie, le lieu du pipoca fut bien différent de la veille. Autant la petite rue du vendredi était claire, "sure" et praticable, autant la pente boueuse du sous-bois qui se trouve juste avant la finale du circuit était plus craignos. La bousculade était plus violente, entrainant bagarres et malaises. Il fallait arracher les miss des mains qui les attrapaient au passage sans ménagement. Se tenir debout ensuite pendant plusieurs heures dans ces conditions était éprouvant. Par contre la vue était excellente en raison du plan incliné.

Le dernier bloc fut celui de Daniela Mercury. Notre petit groupe avait déjà été rejoint par deux amis des miss assez barraques (un peu plus vieux aussi il faut dire) et leur présence m'a déchargé de repousser les avances des gars.
On en a profité pour descendre jusqu'au trio. Là c'était la folie totale de gens en délire qui sautaient en rythme, frénétiquement. Pas de cordon, le bloc était ouvert.
Daniela Mercury est l'idole des gays (mais pas que) et ce n'est pas la première fois que je constate leur aptitude particulière à faire la fête de façon complètement déjantée et bon enfant. Autour de nous c'étaient des rondes de lesbiennes, des couples de mecs qui se roulaient des patins du tonnerre, mais aussi un tas d'hétéro qui se foutaient pas mal des ébats des autres et étaient là pour se défouler sur la même musique. le show était génial et le rire sur toutes les lèvres.

La pluie a commencé à tomber à ce moment là, et ce fut dabord un soulagement intense dans la chaleur suffocante de la nuit. Les trombes d'eau ont innondé la foule en deux temps trois mouvements et ça n'a fait qu'augmenter encore plus le déchainement des corps qui glissaient les uns contre la peau des autres.
J'ai adoré ce moment. Ne penser à rien, juste sentir la pluie me submerger et la musique me porter, se laisser emporter par le mouvement général, comme dans une masse d'électrons qui s'entrechoquent mais forment un tout, dans cette foule qui est là pour une seule et même chose, un instant de joie pure.

Daniela mercury




Le cortège semblait ne pas vouloir prendre fin et déjà le jour se levait.
On a continué à marcher comme des désoeuvrés dans la ville qui se vidait, trempés jusqu'à la culotte.
A 6h la pluie est revenue , mais cette fois un vent glacé s'était levé et nous a forcé à chercher abri. On s'est mit à courir comme des cons, en plein milieu de la rue déserte, l'eau nous claquait au visage, on était transi de froid et fatigue, mais heureux sans savoir trop pourquoi et le fou rire est venu. On riait sans s'arreter pour autant de courir, les commerçants nous voyait passer et se marraient aussi.
Tout bon moment a une fn et c'était largement le temps de rentrer, on a repris le bus jusqu'au bairro où habite Isadora. C'est un quartier à l'entrée de la ville, plus pauvre que le mien mais mieux desservi et surtout plus près du centre.
J'ai dormi quelques heures avant de reprendre la route jusqu'à chez moi, les pieds gelés dans mes baskets trempées. Je vous passe le récit du retour, qui evidemment ne s'est pas du tout déroulé comme je l'espérais, ça devient une habitude, il m'a fallu 3 heures pour faire les quelques kms qui prennent normalement une bonne demi-heure.

Dimanche, 16h, à peine arrivée à destination, les pieds en compote, la tête dans le cul, je pensais avoir quelques heures devant moi pour me reposer et faire sécher mes godasses, mais sortie de la douche j'ai juste le temps d'avaler une énorme assiette de feijoada que le téléphone m'annonce que c'est reparti..

Ma mission si je l'accepte, rejoindre Sheila et Laís qui sont déjà sur place et m'attendent pour rentrer dans le bloco.
je me suis tapé un bon coup de stress en arrivant dans le centre vu que la miss avait eu l'idée super à la con de me donner rdv au terminal des bus, endroit plus bondé ya pas et en plus c 'est immense.
J'ai patienté sagement une bonne grosse demi-heure, fumé un quart de mon paquet de clopes et me suis décidée à appeller à la maison (vu que j'avais oublié mon répertoire c'était le seul numéro que je connaissais) en priant pour que Vera ne soit pas encore sortie. Je lui ai expliqué le point précis où je faisais le poireau, pour que Sheila me cherche pas pendant des plombes comme le jour oú je me suis perdue en plein lavagem do Bonfim.
J'ai remercié 15 fois la fille qui m'avait si gracieusement prêté son portable (ma carte téléphonique etant restée dans le repertoire..), je l'aurai presque embrassé sur le coup tellement ça m'avait dépanné.
20 minutes plus tard (et un nouveau quart de paquet en moins) les deux pépettes débarquaient en tenue de combat (comprendre tenue de soirée), Sheila toujours audacieusement perchée sur ses compensées, le gros orteil enrubanné bizarement dans une poupée faite de compresse et de scotch. Elle s'était arraché la totalité de l'ongle la veille en tapant dans le pied d'une fille (d'où l'intéret des baskets mademoiselle dans ce type de sortie).
C'était super dégueu à voir, le bandage tombait sans arret, mais visiblement ça n'allait pas l'empêcher de retourner piétiner dans la boue avec les autres, au risque très probable de se le faire écraser ou de choper une saloperie d'infection en marchant au milieu des détritus.....On ne résonne pas une bahiannaise qui a payé sa chemise de carnaval!

La suite une autre fois (peut-être).

dimanche 3 mai 2009

Jours de pluie na Bahia

.

"Mieux vaut regarder là où on ne va pas,
parceque, là où on va, on saura ce qu'il y a quand on y sera;
et de toute façon, ce ne sera jamais que de l'eau."
______________ Les Shadoks



Qui trouvera un côté poétique à la situation est invité à venir me remplacer jusqu'au prochain rayon de soleil. . . .
Parceque, Salvador, sous les pluies torrentielles, ça ressemble à ça:





Le marché de Periperi

samedi 2 mai 2009

C'est quoi au juste " dangereux " ??


Ce mot n'a jamais autant sonné à mes oreilles que ces quelques mois.

Je croyais la France un pays de poltrons où tout le monde flippe de tout et de tous, sentiment de paranoia renforcé par la politique sécuritaire du gouvernement qui tente de nous enfermer dans cet individualisme loin des tumultes des masses populaires. Je le crois toujours.

Je croyais aussi qu'en vivant au Brésil, les gens seraient déjà habitués à cette insécurité qui cette fois est bien présente, et relativiseraient la notion de danger. J'avais tort. Au moins sur le deuxième point.

Si personne n'est choqué par les 104 homicides commis rien que dans les 15 permiers jours de l'année à Salvador, ni par la vue des cadavres sur la chaussée, conséquences du traffic urbain quasi anarchiste, pas plus que par les interventions brutales de la police (au passage "brutal" n'a pas le même degré d'intensité ici).
Si tous les matins des milliers de personnes petit-déjeunent tranquillement devant la chaîne aux horreurs de tv Itapoãn dont le domaine de prédilection est constitué des arrestations arbitraires (ou pas), crimes pédophiles, incestueux, homicides cradaux avec gros plans sur la robe ensanglantée du bébé..enfin le marché du glauque quoi!

Si tout ça, passe par la plus totale indifférence, alors pourquoi, pourquoi est-ce que tout le monde n'a à la bouche que ce mot là quand il s'agit de leur propre quotidien, "é perigoso"?

Ce n'est pas une conscience du danger effectif comme je l'ai cru au départ.
Parce que si j'avais du renoncer à tout ce dont on me mettait en garde, je serai sdf, sans boulot, sans amis et j'aurais limite pas foutu les pieds hors de l'aéroport.

Avant mon arrivée il faut voir le portrait qu'on m'avait dressé de ce qu'allait être mon quotidien brésilien, ça tenait de jouer à la marelle sur un champs de mine.
"Faut pas sortir la nuit, faut pas aller dans le centre, faut pas attendre dehors, faut pas aller au carnaval, faut faire confiance à personne..."
Après la liste des prohibitions venaient d'autres prohibitions, avec toujours la même palavra magique "perigoso".

"Quoi tu habites à Periperi? mas é perigoso!" celle-là c'est quand même la plus comique.
Pour les gens du centre la banlieue où je vis c'est Bagdad, mais une fois à l'intérieur de cette fameuse banlieue j'entends le même commentaire entre les différents quartiers, et parfois même entre deux rues.

Quand je réponds que je donne mes cours à Mirantes et que c'est là aussi que je passe mes soirées, devant la lanchonete de mon pote, faut voir la tronche qu'on me tire et je vous passe le refrain habituel, là où ça devient drôle c'est que ces gens de Mirantes, quand je leur dis cette fois que j'habite Colinas (une rue à descendre, 7 min à pied) on me sert la même rengaine.
C'est le jeu des poupées russes.
La rua 1 craint la rua 2, dans la rua 2 l'immeuble A craint l'immeuble B....etc.

J'ai fini par m'y faire et le mot "dangereux" évoque pour moi une notion assez vague désormais, celle de quelque chose qu'on connait plus ou moins.

Bon, j'ai appris aussi que dans la bouche de certaines personnes il prenait un sens bien concret et que je vis pas chez les bisounours non plus, preuves à l'appui ne font pas faute.

Un jour peut-être j'aurai le courage de raconter comment j'ai vécu le carnaval, qui pourrait se traiter en annexe de ce post dans la série "je-fais-tout-ce-qu'on-me-déconseille", sauf qu'il y en a une tartine (premier jet 5 pages, et c'est même pas la moitié)...alors je crains pour vous l'indigestion.
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Picture: This Danger is no Stranger, by BellaRaRa

jeudi 30 avril 2009

Révérence à Cristiana Guerra


Hier, mon ami Francesco m'a offert un livre surprenant.
Sous couvert de plaisanterie il m'a fait découvrir un trésor incongru.
Ce livre s'appelle "Para Francisco", c'est ce qui avait attiré son attention.
Passée la rigolade quand je me suis aperçue qu'il avait modifié le titre à mon égard, la quatrième de couverture a été un choc, le thème me captive, je fonce sur le rabat intérieur pour lire le commentaire d'un ami de l'auteur et je fonds, stupéfaite. Je m'explique.
Ce livre a été écrit pour un bébé pour lui conter qui était son père, décédé deux mois avant sa naissance.

La mère, l'auteur, en proie à deux sentiments intenses et contradictoires, la joie d'être mère face à la souffrance d'être veuve, décide de créer un blog pour exorciser son tourment, elle le destine à son enfant, lui parlera de lui, de son père et d'elle. La démarche m'a plu autant que cette jeune femme, sans parler de son écriture qui est magnifique.
Je laisserai un extrait en commentaire (navrée ce sera en portugais et je ne sais pas si j'oserai m'aventurer dans une traduction approximative, m'enfin ça reste abordable).

Le livre est un recueil des posts du blog, et je me régale.
Je tenais à vous faire partager cette découverte.


A découvrir aussi:

Premier pas hésitant dans le monde du blog


Je ne sais pas de quoi ce journal virtuel sera fait, il sera surement aussi hétéroclite (j'aime bien ce mot je le trouve rigolo) et on peut le dire bordélique que ce qui me passe par la tête et par la vie.
Bon passage par ici...