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Ce blog est un pêle-mêle , d'anecdotes de voyages , de coups de gueule , de coups de coeur ...

Enfin de tout ce qui a pu me toucher et pourrait vous ouvrir une fenêtre sur mon univers .

vendredi 24 juillet 2009

On the road again, again...


Nostalgie de la route?
Deux jours en camion avec le paternel dans le sud de la France, l'envie de parcourir des kms m'avait repris, et l'occasion de partager un peu du temps del padre que je ne vois plus que par éclipses était tentante pour s'échapper de la neurasthénie roannaise.
Pour le simple plaisir de transporter son corps, sans réel intérêt pour la destination. Ce que j'aime réside dans le loisir que celà me laisse de penser, rêver, relâcher la bride de la pensée qui  chemine seule, vagabonde, fait des pirouettes inattendues, et me surprend parfois dans un instant de lucidité "Comment j'en suis venue à penser à des trucs pareils?".
Les trajets en ville sont toujours frustrants, ils me donnent à peine le temps de mettre en marche la ballade introspective. Alors il m'arrive souvent de souhaiter silencieusement une déviation surprise, un égarement momentané, juste pour prolonger un peu ce plaisir (si mon père savait ça il m'aurait maudite aujourd'hui d'avoir souhaiter l'heure et demi supplémentaire qu'il s'est tapé avec son 11 tonnes à tourner sur une petite route de campagne losrqu'on était qux alentours de Tarare... j'ai pas moufté un mot..). Et oui, pour certains c'est une perte de temps, pour moi un rab de rêverie.
Une autre alternative que les prières muettes au dieu des itinéraires secondaires consiste à se faire conduire par mon frère. Il se paume régulièrement, sans non plus trop s'éloigner réellement, mais il n'est pas rare avec lui de se rendre à Lyon en passant par St Etienne (quand on vient de Roanne, les initiés le comprendront, c'est pas ce qu'on a vu de plus direct..), et de passer par Villefranche au retour.
Et pourtant cette étourderie n'est pas faute d'une discussion animée qui détournerait l'attention (d'ailleurs même tout seul il se plante), non, et c'est la deuxième raison pour laquelle j'apprécie sa compagnie, ce silence qui règne entre nous dans la voiture. Mon frère se tait, non par manque de conversation (de toute façon je pourrai facilement la faire pour deux), mais parceque lui aussi aime bien ce parcours intérieur.
Nous savons tous les deux que ce silence est léger, qu'il ne s'agit pas d'un vide qu'il serait bienséant de combler ( la peur de certaines personnes que ce calme soit le signe d'un malaise). Il existe autant de silences que d'intonations de voix, il suffit de savoir les sentir pour les reconnaître, les apprécier, ou les craindre. Complicité fraternelle? Peut-être.
Pour en revenir à ce "voyage" père-fille, le camion a lui aussi ses charmes particuliers, la hauteur et la puissance lourde; A deux mètres du sol l'esprit n'est pas embourbé dans les calamités du trafic automobile, je ne ressens pas le moindre intérêt de rester attentive aux imprudences des autres, de toute façon, s'il y en a un qui fait le con, c'est pas nous qu'on aura mal (comme on dirait par chez moi). Soit dit en passant, c'est quand même fou le nombre de gens qui ont l'air de ne pas tenir à la vie pour débouler sous le nez d'un 11 tonnes sans complexe dans leur bagnole minuscule...
Les autres, il faut dire qu'ils sont pas non plus très nombreux à 4h du matin... A 7h pas mieux d'ailleurs, quel bonheur les périodes de vacances en France, on traverse des villages sans vie, on pourrait presque croire le pays inhabité (la France sans les français? hum, furtive image d'une paix utopique..^-^).
Le soir vient satisfaire ma passion pour l'observation des rites tribalistiques, et j'avoue que le monde des routiers en fournit son lot, et pas avec le dos de la cuillère. Héhé, un vrai plaisir que de savourer ces dialogues hautement profonds, dans une langue si délicate. Le jargon routier.... ça leur ferait surement dresser les poils sur les bras (et oui les cheveux sur la tête sont plutot rares dans ce milieu, c'est pas dans l'esthétique du groupe les cheveux, c'est pas "in"), mais leur manière de parler me rappelle dans son genre celle des banlieues dans l'intonation.. "tu vois quoi!". J'adore! Et puis ils nous sortent de ces perles au niveau syntaxique, c'est délicieux pour mon vilain penchant de linguiste de constater la créativité des français quand il s'agit de pratiquer leur langue maternelle. Je dis ça sans méchanceté ni mépris aucun, bien sûr, mais pas sans un sourire en coin quand j'y repense (niark niark, bah oui, je suis pas snob mais je reste moqueuse, vous me changerez pas comme ça).
La route donc. Mais j'aime bien quand on parle aussi, j'adore même; C'est juste qu'il y a des temps pour tout, et la bavarde que je suis aime altérer ces moments là.
Ce sujet vient un peu comme une introduction à mon probable prochain post (j'y pense, je le sens qui pointe son nez, les mots ne vont pas tarder à se poser dessus), à propos de ce mois Mexique-USA, la route en faisait partie intégrante, et avec elle la notion et l'approche du temps, ce sentiment si relatif qui paramètre l'état d'esprit dans lequel on vit un voyage il me semble.
Peut-être même que c'est ce concept qui guidera le récit "Brésil-France, le retour", par la transition qui n'a été possible que par ce passage en Amérique du Nord, le temps d'acceptation et de recul qu'il m'a permis de saisir pour adoucir l'amertume qui me brûlait les tripes en juin au sortir de l'avion. Suivre le fil.
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Picture: Madame_Nuage_Et_Monsier_Camion_by_kavsikuzah

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