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Ce blog est un pêle-mêle , d'anecdotes de voyages , de coups de gueule , de coups de coeur ...

Enfin de tout ce qui a pu me toucher et pourrait vous ouvrir une fenêtre sur mon univers .

samedi 13 mars 2010

Chroniques Bellevilloises: 4.


" Professeur, faut manger ! "

Bon, voilà que le temps file encore à toute allure. J'ai à peine écrit sur mes élèves pour les présenter que je suis déjà presque à la moitié de mon contrat.
Deux mois plus tard, que sont devenus ces petits chinois?
Retour sur deux d'entre eux.

J'ai déjà évoqué Mr Sutat, le coiffeur thaïlandais. C'est lui qui me vient à l'esprit le premier, car c'est aussi devenu mon pote depuis.
Depuis quoi? Depuis le vendredi précédent cette maudite St Valentin, mais ça c'est une anecdote que je raconterai une autre fois.

° Manee Deang Sutat, ou Jack, pour les intimes (non, non, ne riez pas).
Depuis que nous avons dîné au restaurant en compagnie de son ami, Mr Sutat m'a dans ses petits petits papiers. Il a par la suite décidé de pourvoir à mon alimentation durant les heures de travail.
Alors c'est ainsi, malgré mes protestations, tous les jours une boîte de gâteaux vient ponctuer la fin du cours.
Jamais les mêmes les gâteaux, attention! Et pas de la camelote par dessus le marché.
Ce sont gaufrettes de luxe et palets bretons qui défilent en guise de goûter, sous l'oeil affamé et bouillant de jalousie de mes collègues (non, là j'exagère, en plus je partage, voyez comme je suis sympa comme nana..héhé).
Sans oublier l'invitation dominicale au resto, que je refuse poliment toutes les semaines, faut pas abuser non plus... Est-ce que j'ai dévoré comme une morfale sous-alimentée la première fois ou quoi?
Adorable Mr Sutat, si tous les autres en faisaient autant je deviendrais vite obèse à ce rythme.

° Mlle Xiaofang. Non, pardon, Mâdame Huang Xiaofang.
Le titre de Mme sur cette adolescente incurable ne m'est toujours pas familier, aux autres non plus il semblerait, puisqu'ils en rigolent en corrigeant de "Petite Madame".
Xiaofang, ("Petite Maison") ma demoiselle de compagnie.
C'est la seule qui m'appelle par mon prénom, et me tutoie (quand elle y arrive). Je me suis teriblement attachée à elle.
Sa solitude me peine, sous ses airs de nunuche qui glousse elle est touchante malgré tout. Elle reste du matin jusqu'au soir à l'école, non par plaisir d'étudier (même si elle ne déteste pas ça) mais parcequ'elle n'a pas vraiment le choix. Elle ne peut pas rentrer chez elle la journée, car les relations avec son beau-frère et sa belle-soeur (avec qui elle habite) sont exécrables, d'autant plus depuis qu'elle travaille comme serveuse dans leur restaurant..bonjour l'ambiance!
Du haut de ses 22 ans la jeune femme est bien seule.

Je la trouve moins irritante, et la charrie sans vergogne sur son habitude de confondre les [p] et les [b].
Je lui barle doujours gomme si j'édais enrhubée, ce qui a le mérite de la faire se corriger la fois suivante (dès qu'elle a fini de glousser bien sur).

Mardi soir, minuit, je suis bien au chaud à papoter dans le lit de Coline.
Texto inconnu: " Chloé. c'est moi. Mme Huang Xiaofang. tout les jour je ne vais pas à l'école. parce que je travaille tous les jours le matin 9 heures. "
Puis second message après ma réponse amusée: " A jeudi ce soir je viens. "

Grand fou-rire, où est-ce qu'elle a récupéré mon numéro? Sacrée elle! Elle me poursuit même la nuit...

Je sais qu'elle ne recherche qu'un peu d'attention pour tromper son isolement, et je fais de mon mieux pour lui accorder un peu de mon temps libre, mais elle n'en a jamais assez.

_ " Chloé, tu pars déjà? "
_ " Euh.. oui, là il est un peu 20h et normalement je termine à 17... j'ai une vie aussi quand je suis pas prof. "
_ " Ah bon. Mais à demain matin alors! "
_ " C'est ça. " 
Dans la joie et la bonne humeur.