.
Ce blog est un pêle-mêle , d'anecdotes de voyages , de coups de gueule , de coups de coeur ...

Enfin de tout ce qui a pu me toucher et pourrait vous ouvrir une fenêtre sur mon univers .

lundi 18 mai 2009

Un p'tit coup de couteau, trois p'tites balles dans le dos...

Un p'tit coup de couteau
Trois p'tites balles dans le dos
"Salvador" joue avec les mots
Du wisky ou d'la vodka
Peut importe ça ira
Je veux partir encore.
Têtes Raides


Il y a quelques jours j'écrivais injustement et par feinéantise que je ne parlerai pas de certaines personnes de mon entourage, que j'avais alors nommées "personnages secondaires".
Et voilà que le destin décide de renverser la partie et que les "figurants" deviennent les acteurs principaux du chapìtre suivant.

Ces deux derniers jours ils ont occupé la totalité de mon esprit et bouleversé mon quotidien.
La routine est traître. Elle nous berce dans une illusion d'un état permanent des choses, et lorsque soudainement le rythme se brise, elle nous laisse déroutés, hagards.

Prenez pour métaphore un piètre danseur (moi par exemple héhé), guidé tout le long d'une soirée par ses amis il finit par assimiler les pas de valse, laissez-le s'accomoder, et alors qu'il commence à se délecter de ce nouveau savoir-faire et d'un sentiment d'auto-satisfaction dans l'accomplissement imaginez que brusquement le DJ balance un rock endiablé, notre danseur se retrouve confus, empêtré dans une mécanique brisée.
C'est plus ou moins ainsi que je me suis sentie avant-hier en arrivant chez os meninos, car c'est là que le DJ de la vie a changé la donne de mon petit théâtre personnel.

Vendredi soir je partageais avec Elvis mon envie d'aller boire un verre, histoire de sortir de Mirantes où la soirée s'annonçait vide d'animation. Seulement on avait pas un sou en poche, et mes soirées à répétition ne vont pas tarder à me laisser sur la paille maintenant que je ne donne plus de cours. L'argent sort mais ne rentre plus.

On en était ainsi à se lamenter à l'idée de devoir rester une fois de plus dans la rue, à se taler les os du cul en restant assis sur le trottoir à discuter.
Débarquent Jesse et Charly, qui nous proposent une virée. Schling! Maraine la bonne fée a pensé à nous. Sortir avec ces deux gars là signifie pour nous zéro dépense (ya pas que des pauvres dans notre entourage) et divertissement garanti.

Direction la Cabana do camarão, bar à concert chicos de Periperi (le seul d'ailleurs).
Après s'être rempli la panse de bière (et l'avoir vidée autant de fois que nécessaire) la motivation était toujours présente, alors on est reparti pour le Rio Vermelho, quartier branché de Salvador, où on a complété notre remplissage et épongé légèrement d'un peu de viande les litres de gazeux ingurgités.

Trois heures du mat, et des litres de cerveja dégueulasse plus tard on s'est rentré un peu fracasses jusqu'à l'appartement tout aussi chicos des gars (triplex avec piscine sur la terrasse)...
Le lendemain ils ont continué à s'occuper de nous à la royale, même si pour eux ça tient lieu de quotidien pour Elvis et moi c'était notre petit break de luxe, feijoada du tonnerre au resto et autres petites déliciosités tout le long de la journée.
De retour à la maison en fin d'après-midi on était plus que satisfait.

Alors le soir même quand je me suis rendue à Mirantes rejoindre os meninos chez eux, j'avais sur la face le sourire de celle qui a passé un bon moment et ne pense qu'à le faire perdurer.

Quand je suis entrée dans la maison j'ai sentie immédiatement que la vibe n'était pas au réjouissement et la bonne humeur contagieuse que je suis acoutumée à trouver là n'était pas rendez-vous, il suffisait de jeter un oeil sur Diego et l'air maussade inhabituel qu'il affichait.

Il a suffit d'une phrase. Comme ça, dans le silence de la chambre enfumée.
" Ontem mataram A**"

La phrase s'est figée en moi et je me suis figée avec elle. Hier ils ont tué A**.
Assaillie par les souvenirs, peu nombreux mais suffisants pour me plonger dans une pensée fugitive, je n'ai même pas demandé à qui faisait référence ce "ils", c'était déjà presque une évidence.

Le dernier souvenir est remonté plus fort que les autres, le concert de reggae.
Il était là avec nous ce soir là. Il avait vendu sa télévision le jour même pour pouvoir se payer l'entrée. Il a dansé toute la nuit, seul, submergé par la musique, sans perdre une vibration du moment.
Je le connaissais comme l'ami de P**, qui était présent lui aussi ce soir-là. Les deux personnages secondaires de mon post précédent.

Il était de ces personnes que je connais pour les voir presque tous les jour à Mirantes, pas un pote mais une présence habituelle dans mon entourage, un des électrons qui forment la "galera', la bande pas si petite qui passe ses soirées dans la rua 2 et que l'on rejoint souvent lorsque l'animation de la rua 1 laisse à désirer.
Je me demandais si arriverait un jour où j'assisterai à un drame comme celui-là près de moi, j'ai désormais la réponse. Bah voilà , je le verrai plus, un élément disparait.

J'ai bien vu que cette histoire préoccupait Diego, pas besoin d'un étalage de sentiments pour sentir que ce qui est arrivé est moche et lourd de sous-entendus pas jolis-jolis mais aussi de conséquences à envisager qui s'annonçaient pas terribles, même tenant encore lieu de présuppositions.

Perdre quelqu'un de cette façon n'est pas une surprise pour les gens d'ici, ce qui ne veux pas dire qu'ils ne ressentent rien et que la perte n'a pas d'effet, mais on est loin des épanchements mélo-dramatique auxquels on assisterait en France dans une telle situation, du moins dans mon milieu. Ils encaissent le sort.

Les garçons ont décidé de sortir, d'aller se changer les idées à Barra, passer un moment sur la plage, et emmener Pow avec nous.
On en n'a plus parlé. Les commérages viendraient bien assez tôt, et avec eux la nécessité d'évoquer ce qui s'est réellement passé pour écarter les ragots.

La nuit était chaude, sans nuage, et nous étions tous les quatre un peu à l'ouest, voyageant dans les chansons que Pow sortait de sa guitare, les paroles simples et justes, l'émotion de sa voix.
On est rentrés au petit matin, la pluie nous a saisis à la sortie de la voiture et fait office de cloture.

Je suis restée avec Pow chez lui, il était confus, et moi un peu sonnée, on a continué à discuter pendant des heures, dormant par intermitence, instants étranges, ponctués d'une lucidité triste sans être morbide, et la présence de l'autre réconfortante dans le silence.

Le fait d'être seule au Brésil me permet d'atterrir un peu partout certains soirs.
Même si j'ai un toit fixe qui m'attend au besoin j'aime laisser cette part de "nomadité", et c'est ainsi que parfois j'entre dans la vie des autres à des moments cahotiques.
...

2 commentaires: